Le calme après la tempête ? ||Libre||

Cela faisait quelques jours que Shayan n'était pas sortie de chez elle. Cela ne lui ressemblait pas mais voilà, une violente dispute avait éclaté entre Fagos et elle, lui coupant toute envie d'aller voir ce qui se passait dehors. Le propos de cette dispute ? Leur fils. Ils ne se disputaient que pour ça de toute façon - ça et l'éternelle jalousie de Shayan bien sûr ! Un désaccord de plus, une broutille à la base, un ouragan au final.

La question ce jour-là ? La petite amourette entre Thorondor, dix ans, et une petite vampiresse de douze ans, rencontrée dans une ruelle. Parce que bien sûr, il ne pouvait pas l'avoir rencontré à l'école, il n'y allait pas ; Shayan lui faisant la classe à la maison. Fagos disait qu'il ne craignait rien, qu'il n'y avait qu'à regarder Aarwen pour savoir qu'il n'ty avait aucun danger. Mais voilà, Shayan n'était pas de cet avis ; tous les vampires n'étaient pas aussi gentils que leur amie. Et encore, même elle avait ses moments de faiblesse. Elle l'avait montré plus d'une fois. Hélas, Shayan avait fait l'erreur de dire :

- Si tu tiens à ce que notre fils se retrouve père sans même le savoir !

En référence aux deux enfants d'Aarwen qui n'avait pas de père... Cela avait mis le sorcier dans une fureur noire et il avait préféré aller voir ailleurs, cette discussion n'aboutissant pas et risquant de réellement mal finir.
Elle s'était donc retrouvée seule chez elle, avec son fils et les larmes aux yeux ; une fois de plus.

Deux jours que Fagos n'était pas rentré. Shayan s'inquiétait et ne savait que faire pour le retrouver. Ce n'était pas dans ses habitudes de partir aussi longtemps et elle espérait qu'il ne lui soit rien arrivé. Elle espérait aussi qu'il retrouve la raison. Il fallait qu'il comprenne qu'en ce monde, tout n'est pas toujours tout rose ! Surtout les vampires...

L'elfe avait envie de sortir. Non, plus que ça, elle en avait besoin ! Mais elle ne voulait pas emmener Thorondor avec elle et ne voulait pas non plus le laisser seul. Elle avait besoin de souffler, de prendre l'air, de se retrouver seule. Timidement donc - si on peut dire pour une elfe comme elle - elle se rendit chez sa voisine, une nymphe adorable mais un peu fofolle, et lui demanda si elle pouvait garder le jeune garçon. Celle-ci accepta et l'elfe pu enfin sortir.

La voilà donc à errer dans les rues comme une âme solitaire. Elle se sentait libre, elle pouvait presque retrouver l'iversse d'autrefois mais elle savait qu'il y avait certaines limites à ne pas dépasser. De toute façon, pour le moment, il n'y avait personne autour d'elle. Personne ? Elle se sentait pourtant observée.

Elle se stoppa au beau milieu de cette ruelle et attendit.
Un bruissement...
Elle se retourna rapidement.
Personne !
Pourtant, elle savait que quelqu'un était là, que quelqu'un l'observait... Ne restait plus qu'à savoir qui ? Aurait-elle la patience d'attendre que cette personne ne se montre ? Tous ses sens étaient en éveil, guettant le moindre bruit, le moindre mouvement. L'âme de la chasseuse refaisait surface...
Même si sa seule proie par le passé avait été les hommes, cela l'avait bien entrainer à chasser, traquer tout et n'importe quoi.
Pour le moment, elle patientait donc...
Rien !
Elle devait donc regarder dans la bonne direction. Et la personne qui se tenait là se sentait piégée par le regard de l'elfe. A moins que cette personne ne joue avec elle ? Auquel cas ce petit jeu avait assez duré. Shayan dit enfin sur un ton sec :

- Qui est là ?

Deux jours que Fagos était parti de chez lui… Cela faisait bien longtemps qu’il avait quitté son foyer aussi longtemps, surtout sans donner de nouvelles à Shayan. Il savait qu’il aurait droit à des représailles en rentrant, ce qui, dans le fond, serait tout à fait normal. Partir sur un coup de tête, sans donner de nouvelles… Surtout après une dispute ! Mais il avait besoin de prendre une pause. Cela faisait dix ans qu’il jouait au papa et au mari. Bien sûr, il aimait Thorondor et Shayan de tout son cœur. Mais la vie de famille commençait à lui peser sur les épaules. Il avait besoin de retrouver sa liberté. Tout comme Shayan d’ailleurs. La liberté était chère à leurs yeux. Ils s’étaient peu à peu enfermés dans une routine qui commençait à les étouffer. Respirer, voilà ce que Fagos recherchait. Fagos et Shayan se disputaient de plus en plus. Sur le coup, bien sûr, il lui en voulait d’être en désaccord avec lui .Ils avaient tout deux un fort caractère et étaient têtus comme des mules ! Ni Shayan, ni Fagos ne voulait admettre qu’ils avaient tord. Généralement, ils passaient l’éponge, sans définir qui était le gagnant.

Mais avec un peu de recul, et avec les idées claires, il fallait admettre qu’ils ne pouvaient continuer ainsi. Cette pause lui avait fait du bien. Il avait retrouvé Aarwen ainsi que sa liberté. Il s’était bien amusé aux côtés de son ami vampire. Mais il était temps de rentrer. Il fallait qu’ils aient une discussion.
Cependant, avant de retrouver son foyer, il décida de trainer encore un peu dans les rues sombres de Samroun. La nuit… Il aimait tellement la vie nocturne. Il pouvait se faufiler discrètement telle une ombre parmi les passants. Il les observait, adossé dans un recoin, camouflé dans le noir. Peu à peu les passants se firent de plus en plus rares. Quelques ivrognes passaient encore, ou des mendiants. Rien de bien intéressant dans le fond. Il allait partir lorsqu’une silhouette familière passa devant lui. Il aurait pu la reconnaître entre mille. Cette démarche chaloupée et sensuelle, ce parfum enivrant, cette chevelure feu… Aucun doute, Shayan était de sortie. Mais dans ce cas, qui s’occupait de leur fils ? L’espace d’un instant, il s’inquiéta, mais la raison lui revint rapidement. Jamais elle n’aurait laissé Thorondor sans protection. Restait à savoir si la personne était protégée de leur fils, mais il s’agissait là d’un autre problème. Il faisait confiance à l’elfe.

Que faisait-elle en ville, si tard ? Le cherchait-elle ? Peut-être était-il arrivé quelque chose à leur fils ? ! Mais en la voyant marcher d’un pas paisible, ce ne devait pas être cela. Alors, elle avait décidé de prendre l’air elle aussi. Il ne pouvait lui en vouloir. Il savait parfaitement qu’elle en avait besoin. Il la suivi en silence, ne sachant s’il devait se faire remarquer ou non. Après tout, ils s’étaient quittés sur une dispute, et Fagos était peut-être la dernière personne qu’elle désirait voir en cet instant.
Qu’elle était belle…Combien de fois se l’était-il dit ? Il profita de cet instant pour l’admirer. Elle était redevenue féline…comme il aimait. Malheureusement ce plaisir visuel ne dura pas. Shayan s’arrêta net dans la ruelle. Elle avait sentit qu’on la suivait. Fagos se cacha dans l’obscurité avant qu’elle ne se retourne. Mais on ne pouvait tromper l’elfe. Cela l’amusa quelque peu de la voir sur ses gardes.

"-Qui est là ?"demanda-t-elle d’une voix autoritaire. Il décida de sortir de l’ombre.

-Dois-je vraiment me présenter ?

Maintenant, c’était quitte ou double. Il ne savait comment elle allait réagir.
-Je vois que tu es de sortie.

Il n’y avait aucun reproche dans le ton de sa voix. Au contraire, il était heureux de la revoir.

Shayan dû patienter quelque peu avant que la personne la suivant ne se décide à sortir de l'ombre et quelle ne fut pas sa surprise en voyant que cette personne n'était autre que son "mari"... D'un côté elle était heureuse de le voir, de voir qu'il n'avait rien mais d'un autre côté, elle lui en voulait terriblement de ne pas avoir donné de nouvelles pendant ces deux longues journées, d'avoir fait comme si sa famille n'existait plus. Se rendait-il compte à quel point ça pouvait être difficile de ne rien savoir ? Après toutes les épreuves qu'ils avaient vécu, il était normal que Shayan s'inquiète mais visiblement, cela ne lui avait même pas traversé l'esprit.
Aux paroles de Fagos, la belle plissa les yeux. Elle hésita un petit moment puis dit enfin sur un ton toujours aussi sec :

- Tu as raison, c'est peut-être à moi de me présenter. A moins que ... tu te rappelles que tu as une famille !?

S'il n'y avait aucun reproche dans la voix du sorcier, celle de l'elfe en était emplie. Elle n'avait vraiment pas apprécié de se retrouver seule pendant aussi longtemps. Il avait accepté cette vie, cette famille en restant auprès d'elle dès le début et il n'était pas temps de se défiler surtout pour des broutilles pareilles. Ce n'était qu'un conflit de plus et ils commençaient à savoir ce que c'était. Alors certes, la routine peut devenir pesante mais ce n'est pas une raison pour fuir. La fuite n'est qu'une preuve de lâcheté et Shayan avait osé espérer que son amant avait dépassé ça...
L'elfe sanguinaire le connaissait bien, elle se doutait qu'il avait dû passer voir Aarwen mais elle ne savait pas pourquoi au juste. Bien entendu, son éternelle jalousie refaisait surface à chaque fois même si au fond, elle savait bien que la vampire ne toucherait pas au sorcier mais voilà, c'était une aguicheuse malgré tout et incapable de garder un homme en plus... Approchant de Fagos d'un pas, Shayan lança :

- Aarwen va bien ?

Rien de plus, juste un pic pour voir la réaction de Fagos. Ce dernier avait d'ailleurs dit quelques mots auxquels l'elfe n'avait pas encore répondu. Elle se lança donc :

- Que je sorte te pose un problème peut-être ? Tu devrais pourtant savoir que je ne suis pas le genre à rester enfermée pendant des jours...

Shayan aimait Fagos plus que tout et il le savait mais elle commençait à en avoir assez de ses sautes d'humeur et elle tenait à ce qu'il le sache. Elle n'était pas le genre à se faire enfermée par un homme sous prétexte que celui-ci a décidé de s'amuser. C'était bien loin de notre elfe ! Déjà qu'être mère était normalement loin d'elle, il ne fallait pas trop lui en demander...

- Tu comptes rentrer à la maison ce soir ou quelqu'un d'autre que ta femme a besoin de toi ?

Car oui, elle avait bel et bien besoin de lui. Thorondor n'était pas encore ce qu'on peut appeler un enfant difficile mais Shayan avait toujours du mal à gérer le fait d'être seule avec lui pendant un long moment. Et puis, il ne fallait pas se voiler la face, elle avait toujours eu besoin de garder un œil sur son homme. Elle avait confiance en lui mais confiance et jalousie ne font pas bon ménage et l'elfe avait bien du mal à concilier les deux.

Comme il s’en était douté, Shayan ne laissa pas passer ces deux jours d’absence. Elle lui en voulait. Le pire, c’est qu’elle avait raison. Il aurait probablement réagit de même si les rôles avaient été inversé. Elle l’attaquait. Cela ne le dérangeait pas, puisqu’il le méritait. Mais il n’aima pas vraiment qu’elle attaque Aarwen. Elle n’y était pour rien dans cette histoire. Elle devait se douter qu’il l’avait revu, normal puisqu’elle était sa seule amie. Il ne voyait pas où était le mal à la revoir ! Mais Shayan avait toujours cette pointe de jalousie. D’autant plus qu’elle était en colère !
Il la laissa s’exprimer, furieuse. Il n’allait pas l’attaquer à son tour pour se défendre. Il n’était pas de cette humeur massacrante. Il souhaitait seulement mettre fin à ces disputes, calmer le jeu. Elle s’était surement inquiétée. Elle s’était fait un sang d’encre…Il s’en voulait quelque peu pour ça.

Une fois les réprimandes terminées, elle lui laissa la parole. Il se rapprocha d’elle et lui répondit d’une voix douce.

-Que tu sortes ne me pose pas de problème Shayan. Au contraire, je sais parfaitement combien tu n’es pas du genre à rester enfermée…car on se ressemble tellement sur ce point. Je sais que je me suis comporté comme un gamin. Je n’aurai jamais du te laisser dans l’ignorance. Mais j’avais besoin de ce moment de répit. J’avais besoin de souffler. J’ai été égoïste oui. Mais ces deux jours m’ont fait du bien.

Il espérait qu’au fond d’elle-même, malgré sa colère, qu’elle le comprendrait. Il posa ses mains sur ses épaules.

-Tu sais très bien que je ne vous quitterai jamais. Vous êtes ce que j’ai de plus cher dans la vie. Et il ne peut rien m’arriver. J’aurai réagit de même à ta place parce que je t’aime. Mais après tout ce que nous avons vécu, rien ne peut nous arriver.

En effet, ils s’étaient sorti tous deux de nombreuses péripéties où plusieurs fois leurs vies avaient été mises en jeu. Mais ils avaient survécu. Il n’y a pas si longtemps encore, Fagos avait survécu à ses blessures infligées lors de la bataille contre les sbires de Séphirot. Ils avaient tous deux une volonté de vivre indestructible ! Fagos était persuadé aujourd’hui que ces périodes difficiles les avait rendu encore plus forts.
-Je te demande pardon Shayan.

Il caressa tendrement sa joue. Il n’avait qu’une envie, l’embrasser. Mais il doutait qu’un baiser l’aiderait dans son pardon.

-Que dois-je faire pour me faire pardonner ?

Il voulait rester auprès d’elle cette nuit. Il voulait retrouver leur couple d’amoureux, mettant de côté leurs responsabilités parentales. Mais si elle voulait rester seule, il comprendrait et respecterait ce choix. Cette question n’était pas anodine non plus. Il était prêt à tout pour se faire pardonner, mais il la testait aussi. Serait-elle prête à rentrer dans son jeu ?

Le ton presque mielleux de Fagos glaça les os de l'elfe. Elle n'aimait pas qu'il tente de se faire pardonner par des paroles aussi agréables soient-elles. D'autant plus que là, elles ne l'étaient pas. Ces deux jours lui avaient fait du bien ? Alors il fallait espérer qu'il ait eu sa dose parce que les jours suivants ne s'annonçaient pas aussi roses ! Tout du moins, les heures à venir... La colère de Shayan était telle qu'elle était à deux doigts de s'enflammer mais pour le moment, elle se retenait encore même si la lueur rouge dans ses yeux était elle bien présente. Le sorcier savait très bien ce qu'elle voulait dire, il ne pourrait pas se voiler la face longtemps.
Écartant brusquement les mains que son amant avait posé sur ses épaules, Shayan répondit toujours sur le même ton :

- Je suis ravie que ça t'ai fait du bien ! Sa voix, son ton, son attitude, tout montrait que ce qu'elle disait là n'était qu'ironie pure et simple. Elle poursuivit : Pour moi, ça a été l'enfer !

Elle laissa planer un cours silence, s'éloignant un peu de Fagos, puis elle commença à faire les cent pas de droite à gauche.

- J'ai dû gérer Thorondor toute seule. Il ne comprenait pas que son père soit partit sans donner de nouvelle et sans laisser de raison. Je n'allais quand même pas lui dire que c'était à cause de lui que nous nous étions disputé ! Il aurait été possible que ce soit lui qui fuit ! Et il était pour moi hors de question de perdre mes deux hommes en une seule fois... Elle lança alors un regard noir à Fagos tout en poursuivant : Je me suis fait un soucis même pas imaginable en voyant que tu ne revenais pas ! Comment oses-tu me dire qu'il ne peut rien t'arriver ? Tu n'es pas immortel Fagos et s'il venait l'envie à quelqu'un de tuer... cela serait hélas possible. Ce n'est pas parce que nous avons traversé des épreuves extrêmement difficiles que nous survivrons à tout... Justement, avec ce que nous avons vécu, avec les blessures que nous avons eu, tu devrais savoir à quel point notre vie est fragile et à quel point elle compte...

Elle se stoppa alors, plongeant son regard rouge sang empli de larmes dans celui de Fagos. Celui-ci s'était approché à nouveau et il s'excusait, caressant l'elfe. Une larme coula alors le long de sa joue mais elle fronça les sourcils, refusant cet état et elle répondit :

- Mais on ne résout pas tout avec des excuses !

Elle lui tourna alors le dos, que faire pour qu'il se fasse pardonner ? Revenir en arrière ? Mais cela restait impossible, même avec tous les pouvoirs qu'ils possédaient ! Toujours dos à lui, elle dit d'une petite voix :

- Je pense que la personne à qui tu dois le plus d'excuses est ton fils. Il n'a pas compris et je n'ai pas su lui expliquer ce qu'il se passait...

En elle, le malaise était grandissant. Elle était face à un dilemme. Dans ses mots, elle disait à Fagos d'aller voir leur fils, de la laisser là mais dans son cœur, elle espérait qu'il reste avec elle, qu'il fasse tout pour qu'elle ne lui en veuille plus... Après tout, leur enfant était entre de bonnes mains.
Mais toujours dans cet esprit de colère, elle lui lança d'une voix toujours aussi légère :

- Je préfère rester seule...

La fin de sa phrase ne fut presque qu'un murmure... Elle n'était pas sincère et si Fagos la connaissait comme il le prétendait alors il saurait qu'il fallait qu'il reste...

Que lui fallait-il de plus pour qu’elle comprenne qu’il était désolé ? Après avoir déversé toute sa colère, elle lui demandait de la laisser seule. Il comprenait parfaitement combien cela lui avait été difficile de gérer cette situation. Il se rendait compte qu’il l’avait fait souffrir, et qu’elle en souffrait encore maintenant. Il s’en voulait terriblement… Elle luttait contre l’émotion qui l’envahissait peu à peu mais cela n’échappait pas au sorcier. Une fois sa colère exprimée, sa voix changea. Ses mots le rejetaient, mais le désirait-elle vraiment ? Fagos en doutait…
Il ne voulait pas encore se quitter sur une dispute, ou du moins non réconciliés. S’il partait maintenant, le problème serait toujours le même lorsqu’il la reverrait. Il valait mieux calmer le jeu. Et maintenant qu’elle lui avait jeté sa colère, elle serait peut-être plus à même de passer à autre chose. Elle ne pouvait tout de même pas lui en vouloir éternellement !

-Très bien. Je vais m’occuper de Thorondor.

De toute façon, cela allait de soit. Il ne voyait pas les choses autrement. Même avant que Shayan ne lui demande, il lui avait paru normal d’avoir une discussion avec son fils. Mais cela pouvait attendre le lendemain non ? Elle ne lui avait pas demandé d’y aller maintenant. Pour une fois qu’ils étaient ensemble, seuls, loin de leur foyer…

Il se rapprocha de Shayan et vint effleurer son cou avant de poser sa main sur son épaule.

-Mais avant de m’occuper de mon fils, j’aimerai passer un peu de temps avec ma femme…

Il vint se placer face à elle et la prit dans ses bras tendrement. Il ne lui avait pas demandé son avis, mais il savait qu’elle en avait autant besoin que lui. La sentir contre lui, lui faisait un bien fou. Il s’écarta quelque peu et observa ce visage parfait… Il n’avait qu’une envie : déposer ses lèvres sur les siennes. Mais il ne préférait pas brusquer les choses. Il remit une mèche couleur feu derrière son oreille.

-Ecoute, à cette heure, Thorondor doit dormir. Ma discussion avec lui peut attendre demain. Nous sommes ensemble, seuls… Nous avons toute la nuit devant nous. Pourquoi ne pas en profiter ?

Il se demanda alors ce qu’elle comptait faire en venant en ville. Peut-être avait-elle une idée précise en tête. Il avait envie de retrouver sa Shayan. Il avait envie de retrouver leur couple joueur, leur complicité.
-Qu’en penses-tu ?

Si elle acceptait, ils clôtureraient ainsi toute cette situation désagréable. Il espérait qu’elle réponde positivement. Sa main vint caresser sa joue, tandis que l’autre se positionnait à la cambrure de ses reins. Si elle le rejetait encore une fois, au moins il profitait de cet instant.

Fagos accepta bien rapidement de s'occuper de Thorondor et Shayan cru réellement qu'il allait la laisser là, seule, au milieu de cette ruelle... Elle hésita à se retourner mais n'ayant entendu aucun bruit de mouvement, elle préféra attendre un peu. Et elle fit bien puisque Fagos n'avait vraisemblablement pas bougé, du moins, pas jusqu'à ce que sa main se pose à nouveau sur l'épaule de l'elfe. Elle sentit d'ailleurs un frisson la parcourir, allant de sa nuque à la descente de ses reins. Elle ne s'était pas attendue à ce contact et encore moins à la réaction qu'il lui procura.
Le sorcier parla alors à nouveau, annonçant qu'il comptait bien passer du temps avec elle... Elle n'en avait pourtant pas envie ! Enfin ... en était-elle vraiment sûre ? Car au moment présent, si elle n'écoutait que son cœur, elle ne ferait qu'une chose : se jeter dans les bras de Fagos et l'embrasser avec fougue. Mais elle se retint bien sûr, sans répondre aux paroles de son amant.
Cependant, comme s'il lisait en elle comme dans un livre ouvert, le sorcier vint face à elle pour l'enlacer et c'est sans retenue cette fois qu'elle vint se lover dans ses bras. Elle était à bout de force, elle ne pouvait plus résister...

Fagos lui offrait là un moment de tendresse qui n'avait plus eu lieu entre eux depuis bien longtemps. Cela la troublait, ce n'était pas habituel pour elle même si elle était avec le sorcier depuis plus de dix ans ! Il insista, voulant profiter de ce moment. Elle faisait celle qui ne savait pas même si au fond, elle en rêvait.... Et il ne lui facilitait pas la tâche pour un éventuel refus, la rapprochant encore de lui...

Ce soir-là, Shayan n'avait pas envie de jouer. Elle avait été trop en colère pour ça. Mais elle sentait bien que Fagos l'y poussait pourtant. Elle le sentait ? Ou était-ce sa télépathie qui lui jouait des tours ? Entendait-elle ce que son amour pensait ? Non, elle ne pouvait y croire. Cela ne fonctionnait qu'avec Thorondor ! Du moins ... jusqu'à présent.
Relâchant prise de façon un peu soudaine, l'elfe s'abandonna dans les bras de Fagos, posant sa tête sur son épaule.
Et elle pleurait...
Une chose des plus rare en ce bas monde ! Et pourtant, c'était bel et bien le cas...

Tentant de se reprendre petit à petit, Shayan se redressa et regarda le sorcier droit dans les yeux. Ses yeux n'étaient plus rouges sang, ils avaient retrouvé leur teinte habituelle mais étaient toujours parsemés de quelques larmes.

- Je t'aime... souffla-t-elle dans un souffle en regardant toujours Fagos dans les yeux.

Et elle n'attendit pas plus longtemps pour passer sa main sur la nuque du père de son enfant et pour l'embrasser avec à la fois tendresse et ardeur. Elle n'avait jamais pu lui résister de toute façon alors pourquoi cela commencerait-il à présent ? Il était le seul qui ait jamais résisté à son feu, le seul qui ait pu rester en vie, le seul qui lui ait montré ce qu'aimer veut dire alors pourquoi le repousser plus longtemps ? Elle savait de toute façon qu'elle reviendrait vers lui tôt ou tard...
Alors qu'elle achevait ce baiser, elle posa sa tête sur le torse de son homme, ses mains sur sa taille et soupira....

A sa grande surprise, Shayan lâcha prise et il sentit ses larmes couler sur sa chemise. Ce comportement le troubla quelque peu. On ne pouvait pas dire qu’il l’avait vu beaucoup pleurer depuis qu’ils étaient ensemble. Il lui était arrivée de verser des larmes de rage, ou de désespoir… mais ils n’étaient pas dans un tel contexte ce soir là. Du moins, il ne le pensait pas…
Il ne s’était pas attendu à un tel revirement de situation. Ces larmes exprimaient-elle un soulagement? de la fatigue? ou peut-être les deux? Il comprit combien elle avait souffert de son absence et il s'en voulait terriblement pour ça.
Il attendit patiemment. Les mots n'étaient plus de circonstances.
Lorsqu'elle releva la tête et qu'il vit ses yeux humides, son coeur se serra. Mais elle trouva les mots pour l'apaiser : "je t'aime..." Ces mots était véritablement magiques. Le sorcier apprécia le baiser de l'elfe et il aurait aimé qu'il dure indéfiniment...
Shayan vint poser de nouveau sa tête sur le torse de son amant et Fagos sentit qu'ils étaient de nouveau en paix. Il se pencha vers son front, vint lui déposer un baiser et mumura : "je te promet que pareille situation n'aura plus lieu. Je t'aime trop pour te faire à nouveau souffrir Shayan"
Il pensait sincèrement ces mots, même si au fond ils savaient tous deux que souffrance et amour allaient de pair dans leur relation passionnelle.

Ils profitaient de ce moment de tendresse, enlacés, lorsque Fagos entendit des pas approcher. Il tourna la tête et vit trois hommes s'approcher d'eux. Trois autres arrivaient de l'autre côté de la rue. Autant dire qu'ils ne venaient pas avec de bonnes intentions.

-Nous avons de la visite mon coeur...
-Oooh... regarder moi ça si c'est pas mignon! commença le plus petit.
-Hé ya des auberges pour ça les amoureux! continua le plus costaux.

Fagos s'écarta lentement de Shayan mais resta face à elle pour avoir à vue tous les malfrats de chaque côté. Autant ne pas leur tourner le dos même s'il ne s'agissait que d'humains.
-Fred, je suis certain que ces personnes ont une âme charitable et qu'ils sont prêts à donner quelques sous à de pauvres hommes tels que nous.

Ils avaient tous le sourire aux lèvres laissant apparaître leurs dents pourries. Seul le plus petit avait belle apparence...surement le chef. En tout cas, s'ils jouaient à l'intimidation, cela ne marchait pas avec nos deux amants! Ce n'étaient pas des minables qui allaient leur faire peur après tout ce qu'ils avaient vécu!

-Messieurs, je pense que vous avez tout faux et que vous feriez mieux de rebrousser chemin, dit Fagos très calmement.

Evidemment, ils s'esclafèrent. Le sorcier semblait calme en apparence, mais au fond, ces gredins l'agaçaient. Ils avaient osé les déranger! Fagos ne quittait pas le regard de Shayan, et il savait qu'elle était dans le même état que lui. Ce n'était vraiment pas le moment de les importuner!

-Mais c'est qu'il nous menacerait!! continua le "chef"

Les paroles du sorcier résonnèrent dans l'esprit de l'elfe comme une évidence. Bien sûr qu'il ne la ferait plus autant souffrir. Il savait de quoi elle était capable si tel était le cas. Et bien qu'ils aient été amenés à souvent se disputer, il y avait certaines choses plus douloureuses que d'autres. Shayan n'avait pas l'intention de répondre à ces paroles. Elle ne voulait pas que la dispute reprenne de plus belle et de tout façon, quoi répondre ? Ils s'aimaient et c'était le plus important, non ?
De toute façon, la jeune femme n'eut le temps de prononcer quoi que ce soit que le couple fut interrompu par des badauds gênants. Et ils ne venaient pas en petit comité... Six personnes rien que pour eux ! Ils étaient gâtés. Leur arrivée eut pour effet de faire soupirer l'elfe qui espérait pouvoir être enfin un peu tranquille avec son homme. Honnêtement, ces gêneurs n'avaient pas du tout choisis le bon jour pour venir chercher des noises à l'elfe !

Restant silencieuse, elle préféra regarder le sol plutôt que de faire face à leurs têtes d'abrutis mal lunés. Elle ne leur avait jeté qu'un vague regard pour voir à quoi ils ressemblaient. A coup sûr, ce n'étaient que des humains voulant faire leurs intéressants mais on ne joue pas avec le feu au risque de s'y brûler et c'est précisément ce qui risquait de leur arriver ce soir-là.
Fagos fit preuve d'un calme exemplaire pour leur parler mais il ne fallait pas s'y méprendre, ce serait loin d'être le cas de Shayan qui, dès qu'elle poserait le regard sur eux, serait envahie de cette vague de colère qu'on lui connaissait si bien. Le retour de l'elfe sanguinaire serait-il pour cette soirée ? Possible mais mieux valait ne pas être à la place de ces hommes-là ! Et leur rire gras et moqueur ne firent en rien redescendre la pression qui montait petit à petit en elle.
Après la remarque du plus petit, un de ceux se trouvant de l'autre côté de la rue lança :

- Hey ma jolie, t'es drôlement moulée dans ta p'tite robe !

C'étaient à coup sûr les mots de trop. La belle lança un rapide regard à Fagos puis se tourna vers celui qui venait de parler. Il avait déjà fait quelques pas dans la direction de l'elfe qui lui lançait un regard noir, ses yeux changeant de teinte petit à petit.

- Ne vous a-t-on jamais dit qu'il ne fallait pas s'attaquer à plus fort que soi ?

Bien entendu, cela les fit tous rire et sur le visage de l'elfe sanguinaire s'afficha un sourire en coin sadique et mauvais. Plus ça allait et plus elle s'approchait de celui qui avait osé lui parler. Droite et fière elle leur lança à tous :

- Rigolez donc tant que vous le pouvez encore !

Elle le savait, il ne fallait pas s'attaquer aux humains, ils n'avaient pas les moyens nécessaires pour se défendre. Du moins, quand il s'agit d'humains de base ! Mais là ... c'en était trop. Être gentils oui mais être con, non !
Déployant ses ailes, elle volant très rapidement jusqu'à celui qui avait osé lui parler. L'attrapant à la gorge, elle lui dit au creux de l'oreille : "Bouh !". Vu comme les doigts de Shayan étaient placés, il ne pouvait pas répondre mais ses yeux parlaient d'eux-même, il commençait à avoir peur. Rien que le déploiement des ailes de l'elfe avait lancé un froid dans l'atmosphère. Ne lâchant pas sa prise, elle regarda tour à tour chaque homme présent ici et leur dit d'une voix dure :

- Vous rigolez moins à présent on dirait !

Elle n'avait aucune idée de la réaction qu'aurait Fagos mais elle espérait qu'il irait dans son sens, attaquant à son tour ou au moins, soutenant l'initiative de sa femme.

Fagos souriait. D’un regard, il avait compris que Shayan n’allait pas les laisser faire…Et sa petite démonstration faisait son effet ! Les marauds commençaient à comprendre à qui ils avaient à faire : des créatures fantastiques. Mais ils ignoraient totalement tout de Fagos ! Pour Shayan ils devaient se douter qu’il s’agissait d’une elfe, même s’ils n’avaient aucune idée de ses pouvoirs…

Fagos fit face aux trois hommes dont l’otage de Shayan. Il n’avait aucune inquiétude quant aux trois autres se trouvant derrière lui puisque sa femme avait un œil sur eux.

-Messieurs, ne vous avais-je pas prévenu ?

Le « chef » dégaina son couteau pour le menacer.
-Dis à ta chérie de le lâcher !

Fagos soupira exagérément pour lui faire comprendre que sa tentative était vaine.

-Vous ne la connaissez pas ! Je n’ai aucune emprise sur elle. Elle est têtue comme une mule !

Fagos se tourna alors vers les trois autres.

--Messieurs, s’il vous reste un brin de raison…déguerpissez.

Deux d’entre eux détalèrent, le troisième restait mais ne faisait pas le fier.
-Revenez imbéciles !
--Veuillez m’excuser mais je doute que ce soit les plus imbéciles.

-Bon t’a fini avec ton baratin !

Le sorcier fit de nouveau face au petit mais à ce moment là Shayan lui fit signe. Il se transforma aussitôt en aigle et s’envola, évitant ainsi le couteau qui volait dans sa direction. L’arme blanche vint frapper le voisin du chef en pleine tête. Un de moins…
Le sorcier n’allait certainement pas laisser filer ce minable sans une bonne correction ! Il l’attrapa et s’envola très haut puis le lâcha… L’homme vint s’écraser aux pieds du « chef ». Ce dernier commençait rapidement à paniquer et prit ses jambes à son cou. Fagos, toujours dans les airs le surveillait. Il attendait de voir si Shayan voulait s’en occuper elle-même.

[HRP : L'est pas très clair ton post =S : C'est qui que tu emmènes quand tu t'envoles ? 'fin bref, j'vais faire comme si j'avais compris ! xD ]

Être une elfe comporte beaucoup d'avantages et l'un d'entre eux est d'avoir une très bonne ouïe. La belle n'eut donc pas à trop se fatiguer pour entendre tout ce qu'il se passait autour d'elle. Comme si Shayan allait lâcher celui qui était sous son emprise ! Et pour quoi faire ? Pour qu'il s'enfuie ? Très utile et très lâche surtout... Son sourire mauvais toujours présent, elle sentait en elle l'excitation monter : voir la souffrance et la peur dans les yeux de quelqu'un était une chose qu'elle aurait presque pu oublier et qui était pourtant si plaisant. Être mère la radoucissait, c'était certain !

La réponse que fit son sorcier à l'homme était ironique sans l'être et cela plut bien à Shayan qui eut envie de rigoler mais, ne voulant pas perdre toute crédibilité, elle s'abstint.
Jetant de temps à autres des regards vers son homme, elle n'oubliait pas de surveiller également les autres badauds. Et elle fit bien puisque l'un d'entre eux, armé d'un couteau, visait Fagos ; sans doute espérait-il les duper et les tuer aussi facilement ? L'elfe profita d'un moment où le brun ténébreux la regardait pour lui faire signe de décoller, ce qu'il fit bien sûr ! Et le couteau transperça la tête de l'un des gêneurs. Après un petit rire gras, Shayan lança :

- Alors, toujours aussi persuadés que vous ressortirez vainqueurs ?

Du coin de l'œil, elle surveillait les envolés de son homme mais alors qu'il fit ses preuves, le chef de la petite bande voulu prendre la fuite. C'était sans compter sur notre elfe ! Regardant celui qui était toujours entre ses mains droit dans les yeux, elle lui dit :

- Dit bye bye :

Mais bien entendu, elle ne lui laissa aucun temps pour répondre et lui tordit violemment le cou, le laissant s'étendre sur le sol. Elle fit des pas rapides dans la direction du fuyard et lui lança :

- Vous nous quittez déjà ?

Tentant de courir tout en tournant la tête vers sa suivante, il s'emmêla les pieds, trébuchant. *Alors ça, c'est ballot !* pensa ironiquement Shayan. Elle observa les alentours et vit ce qu'elle voulait. Une des maisons de la petite ruelle possédait un joli balcon en bois orné de nombreuses compositions florales. Un nouveau sourire se dessina sur son visage durci. Elle leva les mains vers ces compositions et les racines, semblant s'agrandit à un rythme impressionnant sortirent des pots pour venir jusqu'au fuyard, emprisonnant ses jambes et l'empêchant de fuir.

- Donc ... quelle est la leçon du jour monsieur ? dit-elle avec humour alors que le chef se retrouvait la tête en bas, maintenu par les racines.

[lol dsl. Mais c'est parfait! Tu as très bien compris Wink

]

Le sorcier visa juste. Shayan ne lui laissa pas le temps d'intervenir! Elle se débrouilla très bien toute seule, trouvant sur son chemin ce qu'il lui fallait pour emprisonner ce moins que rien. La situation devint cocace... Le chef se retrouvait suspendu dans les airs, la tête en bas.
Fagos revint se poser près de sa femme, reprenant son apparence et déposa un baiser sur le haut de sa tête tout en passant une main dans le bas du dos.
Puis il se focalisa de nouveau sur le bandit. Un tas de pièces et autres objets ayant une valeur plus ou moins certaine se trouvaient par terre au dessous de lui.

Shayan lui avait posé une question, mais il n'avait pas l'air pressé de répondre. En fait, il commençait sérieusement à paniquer...
-La dame vient de te poser une question...rajouta Fagos.

Il s'avança vers lui tout en lui parlant.
-Regarde ton butin... pitoyable! Tu crois peut-être pouvoir vivre ainsi?

De près, le sorcier pu constater que le chef était plus jeune qu'il n'en avait l'air. Sa moustache le vieillissait, mais ce n'était qu'un jeune homme. Il devait être tout de même malin pour être chef à son âge et tenir des plus âgés que lui. Mais cette fois-ci il s'était fait avoir.
Le sorcier fit apparaître dans le creux de sa main une boule de feu. Il ne désirait pas le tuer, mais lui donner une bonne leçon. Il était jeune, il pouvait se rattraper.

-Tu ferais mieux de te trouver un métier, comme les autres!

Le petit tremblait sérieusement. Fagos vint frapper d'un coup sec, un point précis situer au niveau de la gorge. Le vaurien fut surpris et se mit à tousser aussitôt. Mais aucun son ne sortit de sa bouche... Le sorcier venait de le rendre muet... Il avait appris cette technique lorsqu'il travaillait pour son père, dans les salles de torture...
Il approcha ensuite la boule de feu près de son visage. Le jeune homme voulu crier évidemment... Fagos avait pris cette précaution pour ne pas alerter d'autres personnes.
Il vint approcher le feu près de l'une de ses oreilles... A tel point, qu'elle devint rouge vif. Le brigand voulait se débattre mais Shayan le tenait fermement.

Le sorcier arrêta le supplice, satisfait.
Il fit disparaître la boule de feu.

-voici un petit souvenir de notre rencontre. Ainsi tu te souviendras de cette leçon. J'espère que tu as bien compris de quoi il s'agissait...

Le jeune homme hocha de la tête, les yeux encore en larmes.

-Nous ne sommes pas vraiment du genre à donner une deuxième chance. Estime toi heureux. Mais tu as intérêt à changer de gagne pain! Sache que je peux te retrouver à chaque instant...

Evidemment, ceci était parfaitement faux, mais le jeune homme n'en avait aucune idée.
Il fit signe à Shayan de le relâcher.

-Une dernière chose... Tu dois des excuses à ma femme...

Shayan observa toute la scène de là où elle se trouvait. Elle avait apprécié le contact avec son homme qui lui remémorait cette complicité qui les liait. Elle aimait ça et ne l'échangerait contre rien au monde. Leurs jeux étaient une des choses qui était le fondement de leur couple mais pas seulement bien sûr, leur amour à toute épreuve était le ciment le plus pur qui soit...

La belle à la chevelure flamboyante fut surprise lorsque Fagos lui demanda de lâcher le chef de bande.

- Hein ? ne put-elle s'empêcher de dire.

Non, elle n'avait pas envie de lâcher prise, elle voulait continuer à s'amuser et surtout ... Elle voulait tuer ! Fagos se ramollirait-il avec le temps ? Deviendrait-il plus doux et plus gentil avec leurs adversaires ? Ha elle était bien loin la bataille contre Séphirot. Enfin, celle-ci était très clairement un mauvais souvenir et mieux valait éviter de trop y penser.

Devant l'hésitation de Shayan à reposer le petit chef à terre, il se décida enfin à ouvrir la bouche pour peut-être prononcer les excuses tant attendues. Hélas pour lui, il ne parvint qu'à baragouiner quelques bruits qui ne ressemblaient même pas à des mots. Plongeant son regard dans celui de son amant, elle dit d'une voix d'enfant :

- Allez ! Laisse-moi le tuer s'il te plait !

Un petit caprice ou une réalité ? Un peu des deux sans doute !
Alors qu'elle approchait l'autre de son visage, une voix se fit entendre de derrière elle. Visiblement, tous n'étaient pas partis ou morts et Shayan avait presque oublié qu'ils n'étaient pas que tous les trois dans cette ruelle. La voix rauque s'éleva donc :

- Lâchez mon frère sale trainée !

L'elfe bloqua aussitôt, son regard se fixant droit devant elle, ses yeux à présent couleur sang. Elle sentait les flammes monter en elle et cela ne présageait rien de bon... Qui était donc ce minable pour oser lui parler ainsi ? Il fallait être masochiste pour s'en prendre de cette façon à une elfe sanguinaire. Mais bien entendu, il ignorait sans doute tout de ce qu'elle était. Il ne fallut pas plus longtemps à Shayan pour relâcher la pression sur le chef, le laissant s'écraser au sol alors que toutes les racines disparaissaient, revenant à leur taille originelle. L'elfe se retourna rapidement et elle vit alors celui qui se prétendait être le frère du chef avancer vers elle d'un pas vif, un couteau à la main. Elle eut le temps de prononcer quelques paroles avant que ne se déroule la suite des évènements :

- Vous me connaissez bien mal monsieur !

Les bras le long du corps, elle poussa un léger soupire et s'enflamma intégralement aussitôt. Pas question qu'elle se casse un ongle dans un combat à main nu !

- Qu'allez vous faire maintenant ? Tenter de me souffler comme une bougie ? Elle laissa planer un léger silence, faisant un pas en avant, avant d'ajouter : Je doute que cela soit très efficace ...

Elle lança un rapide coup d'oeil vers Fagos avant de tendre le bras vers l'homme et de le réduire en cendre grâce à une gerbe de flammes. Maintenant c'était certain, il ne restait que le chef. Retrouvant son corps originel, Shayan s'avança vers son sorcier ténébreux et passa son bras autour du sien, le regardant, elle dit alors :

- Maintenant qu'il n'a plus de famille, on peut peut-être lui laisser la vie sauve. Sa souffrance est suffisante, tu ne crois pas ?

Oui, voir souffrir les autres était tout aussi grisant que de les tuer pour la nature profonde de l'elfe qui se tenait là. Affichant un air plus calme et un large sourire, elle dit avec ironie :

- Tout cela m'a donné faim ! J'mangerais bien une sucette... Tu me l'offres ?!

Fagos se mit à rire à la demande de Shayan. Elle qui avait voulu décharger sa colère et son feu sur quelqu’un, elle avait été servie ! Le pauvre n’y a vu que du feu (sans jeu de mots) ! Mais au moins, elle avait oublié l’autre qui avait déguerpi. Il avait réussi à se remettre sur ses jambes malgré la vision d’horreur de son frère en train de brûler. Fagos n’avait pu le tuer ce jeune garçon et il comprenait la réaction de Shayan. Elle avait été surprise par sa clémence, ce qui était normal. En tant normal, Fagos ne lui aurait pas accordé ce privilège. Mais une vision lui était apparue face à ce jeune visage : son fils.
Le fait d’être père l’avait changé plus qu’il ne l’avait imaginé. Si Thorondor s’était retrouvé à la place du voyou, il aurait aimé qu’on l’épargne. Evidemment, son fils n’allait surement pas devenir aussi minable que ce vaurien. Fagos était certain qu’il deviendrait un sorcier puissant. Mais avant ça, il lui faudrait apprendre une certaine discipline, et contrôler sa fougue. Thorondor, déjà à son âge, était quelque fois arrogant avec des personnes plus âgées que lui. Et un jour cela lui retombera dessus lorsqu’il se trompera sur la personne. Il tomberait surement sur une personne plus forte qui le remettrait à sa place rapidement…

Fagos fit face à sa femme et lui caressa son visage du revers de sa main. Il retrouvait bien là sa Shayan : impulsive, dangereuse, et terriblement sexy ! En cet instant, elle agissait comme un aimant sur lui, irrésistible. Mais au lieu de se jeter sur elle, il garda contrôle de lui-même et alla ramasser quelques pièces laissées au sol. Cela pouvait toujours servir et les autres feraient le bonheur du prochain passant.

Il revint vers elle tout en mettant ses pièces dans sa poche et vint lui susurrer à l’oreille :

-Je peux t’offrir bien plus…

Cette phrase était bien sûr à double sens. Il venait de prendre une certaine somme, donc il pouvait lui offrir plus qu’une sucette si elle avait faim. Mais si elle parlait d’un tout autre appétit, elle savait aussi qu’il pouvait lui donner bien plus !

Il l’embrassa tendrement, puis son baiser se fit plus ardent. Il rapprocha le corps de Shayan contre le sien et l’enlaça tandis qu’une main descendait le long de son dos. Lentement, il lui souleva une jambe et vint coller la cuisse de Shayan contre son bassin. Il avait fortement envie d’elle mais il s’arrêta d’un coup.

-Bien, allons voir si nous trouvons cette sucette…

Il la relâcha et commença à s’éloigner comme si de rien n’était. Shayan derrière lui, il se mit à sourire, satisfait de son effet. Il avait commencé à la chauffer, il le savait… Mais c’était plus fort que lui, il aimait aussi jouer avec elle, et la taquiner. Après tout, ils avaient encore de bonnes heures devant eux avant de rentrer chez eux…

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